Article paru dans LE PETIT SARTHOIS N°28 DU 2 AVRIL 2022
Ils sont en première ligne sur le terrain pour aider nos concitoyens quand cela dérape : loin de l’image d’Épinal du gendarme au bord de la route, le gendarme de 2022 doit faire preuve de psychologie pour résoudre de plus en plus de conflits intra familiaux. Nous avons rencontré le lieutenant Irr, qui commande 3 brigades dont celle de La Chapelle Saint-Aubin en Zone Nord du Mans.
Comment est structurée la gendarmerie en Sarthe ?
Le Groupement de la Sarthe est commandé par Laurent de la Follye de Joux. Il dirige 645 personnes réparties sur 3 compagnies : Mamers, Le Mans et La Flèche. La compagnie du Mans se répartit en brigades dont la communauté de brigades de La Chapelle Saint-Aubin, Conlie et Sillé-le-Guillaume (26 personnes). Nos missions englobent une responsabilité judiciaire, la sécurité routière et élément croissant depuis quelques années les relations avec la population locale. Le Mans reste le domaine exclusif de la police nationale.
Parlez-nous de votre quotidien dans cette zone nord ?
Déjà la pandémie de C19 a modifié notre façon de travailler : plus de terrain pour faire respecter les confinements. Cette zone commerciale nécessite aussi de prévenir les violences pour l’atteinte aux biens, comme les cambriolages. Sur certaines périodes, les voleurs à l’étalage, les pickpockets et les bandes organisées essayent de tirer parti des commerçants et des clients. Nous sommes là pour les dissuader et les arrêter quand nous les prenons sur le fait. L’an dernier nous avons eu quelques parisiens et même des marseillais. Certains se sont fait passer pour des agents de sécurité sur les quais de déchargement, ils y vont au culot… Pour les contrer nous mettons en place des agents en civil qui circulent en voitures banalisées. Et bien entendu notre uniforme a aussi une vertu dissuasive. Quant à la sécurité routière sur la Zone commerciale, nous sommes aidés par l’Escadron Départemental de Sécurité Routière.
Avec parfois des anecdotes surprenantes ?
Il y a 3 ans il y avait eu une attaque à main armée en Zone Nord et le fuyard avait été arrêté par la gendarmerie sur l’autoroute. Il voulait tellement jouer de prudence qu’il roulait au ralenti sur l’autoroute, et nos collègues l’avait arrêté pour conduite dangereuse. Il avait laissé son arme de poing sur le siège passager… il fut arrêté sans violence et le butin avait été retrouvé et rendu au commerçant. Mais heureusement ce type de délit n’arrive pas souvent en Sarthe. Pour toute intervention un peu « physique » ou dangereuse, nous avons au Mans le PSIG, qui dispose de techniques et de matériel adapté à des interventions compliquées.
La psychologie semble essentielle dans votre métier ?
Nous aidons les gens dans les affaires de mœurs, les conflits de voisinage, voire des enquêtes dans des délits graves… Nous arrivons sur place pour comprendre, pas pour juger. Nous expliquons toute la situation aux magistrats pour qu’ils prennent les bonnes décisions. C’est chronophage mais absolument nécessaire pour la bonne santé de la société civile. Nous travaillons en équipe avec les services sociaux, la magistrature, pour trouver des relais à notre action. C’est un métier passionnant et enrichissant humainement.
Encadré
Les chiffres 2021 de la délinquance
Les indicateurs de la délinquance sont assez contrastés. Ainsi, le nombre de victimes de coups et blessures volontaires augmente 12% et le nombre de victimes de violences intrafamiliales de 14%. Les cas de violences sexuelles ont augmenté de 33% en 2021, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur publiés jeudi 27 janvier 2022. L’augmentation avait été de 3% en 2020 et de 12% en 2019. Cette hausse des signalements s’inscrit dans un contexte de libération de la parole.
Plus globalement, les indicateurs de la délinquance, qui avaient fortement reculé en 2020, enregistrent des évolutions plus modérées en 2021. Ainsi, les vols sans violence contre des personnes augmentent 5% après une baisse de 24% en 2020.
Les cambriolages de logements et les vols de véhicules sont stables (après respectivement -20% et -13% en 2020). Des chiffres qui s’inscrivent dans le contexte de la crise sanitaire, notamment marqué par plusieurs confinements et l’essor du télétravail.