ÉRIC BRILLANT, DIRECTEUR DE AUCHAN ZONE NORD

Article et photo parus dans Le Petit Sarthois numéro 19 de fin avril 2021

Qui mieux que le directeur de Auchan pour faire le point sur la situation du Grand Commerce. Nous avons rencontré Éric Brillant, manceau de naissance, qui cumule 14 années d’expérience à la tête du plus grand commerce de la Sarthe. L’occasion de comprendre une activité en pleine mutation, qui traverse au mieux la crise sanitaire depuis 1 an.

Comment se passe cette période de crise sanitaire ?
Nous avons dû gérer la pandémie en essayant de faire preuve d’agilité, d’adaptation et de solidarité.
Au premier confinement, le chiffre d’affaires du magasin a fortement reculé, au profit du Drive qui emploie aujourd’hui une quarantaine de personnes. Il a donc fallu réallouer les ressources, protéger les collaborateurs : Auchan a été le premier à avoir des plexiglass pour protéger les personnes travaillant aux caisses. Nous avons apporté un soin particulier à rassurer les équipes et à montrer aux clients que nous étions irréprochables sur les protocoles sanitaires de sécurité. Enfin nous avons eu à cœur de faire preuve de solidarité avec les salariés absents du fait des fermetures d’écoles. Cela a été un grand défi pour tout le personnel et une épreuve humainement enrichissante… même si c’est difficile, on apprend toujours de ces moments-là.
Au deuxième confinement, le lobbying de certains a engendré la fermeture de nos rayons hors alimentaire, rendant notre situation encore plus difficile pour nos 400 employés… ce qui a eu pour effet de surtout favoriser Amazon, et globalement les « pure players » d’internet. Enfin nous avons maintenant le couvre-feu, qui nous pénalise énormément car chez nous les clients viennent souvent de loin. Et notre galerie marchande est fermée, la seule dans le département…. Il faut croire que le Covid 19 se ne se développe qu’à Auchan… 😉

Quelles ont été les évolutions récentes dans votre magasin ?
Notre philosophie générale, c’est de faire le métier comme un spécialiste dans chaque rayon. Pour cela nous avons procédé à des aménagements : l’élargissement du Bio, l’agrandissement de la cave, nous avons mis des gondoles basses pour mieux voir les rayons, nous avons créé des endroits cocooning, remplacé les têtes de gondole pour faire des points infos vendeurs comme chez les spécialistes. Le conseil direct aux clients est la meilleure façon de se démarquer de la vente sur Internet. Autre nouveauté, nous avons mis en place de la vente assistée à la boulangerie pâtisserie. En fait il faut évoluer en permanence et capter les tendances. Par exemple l’utilisation croissante des smartphones en point de vente nous a poussé à lancer L’application « My Auchan », qui permet de se simplifier les courses en magasin : on peut y créer des listes de courses personnalisées, conserver des informations sur des produits qu’on achète régulièrement ou qu’on souhaite acheter, avoir accès aux promotions.

Vous intégrez aussi de plus en plus de producteurs locaux ?
Nous recherchons en permanence les producteurs locaux, par exemple le bœuf sarthois, la bière locale, le miel, la confiture, les fromages, etc… Cela concerne aussi d’autres rayons : ainsi nos assiettes jetables sont fabriquées en Sarthe. Nous travaillons avec de nombreuses entreprises régionales : notre vocation consiste aussi à proposer aux entreprises régionales des débouchés de distribution, dynamisant ainsi l’économie locale.

La Grande Distribution change aussi de modèle en France ?
Le cross-canal est sans conteste la révolution marchande depuis 20 ans : drive, magasin, livraisons à domiciles…. Notre enjeu c’est bien celui de passer d’une « marque magasin » que l’on fréquente, à une « marque cross canal » : Auchan, Auchan.fr, Auchandrive. Mais les magasins physiques ont en effet encore une carte à jouer face aux pure-players en jouant sur la complémentarité entre leurs boutiques et leurs sites Web, et le conseil clients. En effet, 58% des acheteurs en ligne désignent encore le magasin comme canal d’achat préféré, loin devant les 28% qui préfèrent l’achat en ligne, selon une étude récente de PWC France.