Article et photo parus dans Le Petit Sarthois 

Valérie Touchard, dirigeante des Pompes Funèbres Touchard.

Depuis le début, ils sont en première ligne auprès des victimes de la pandémie de Covid-19, s’exposant aux risques liés à la
propagation du virus. Leurs services sont essentiels à la société. Mais les collaborateurs des pompes funèbres n’ont eu droit
ni aux applaudissements ni aux remerciements officiels. En lien avec ces innombrables drames humains, derrière les
chiffres se cache l’effort énorme des opérateurs du secteur funéraire. Eux aussi ont été depuis le début en première
ligne, appelés à intervenir à toute heure du jour et de la nuit, sept jours sur sept, soumis à un rythme intensif selon des
modalités et des protocoles de travail modifiés et dans un climat général d’incertitude déstabilisant. Le Petit Sarthois a
souhaité donner la parole à une actrice sarthoise incontournable de ce secteur : Valérie Touchard, dirigeante des Pompes
Funèbres Touchard, et présidente du Groupement des Opérateurs Funéraires Indépendants.

D’abord un soutien moral aux familles
La mort est un thème que l’on tient à distance, comme si on voulait ne jamais y être confronté. C’est pourtant le métier et
le quotidien de certains, dont on ignore tout. Les personnels des pompes funèbres sont chargés des convois funéraires, ils
accompagnent les cortèges et les cercueils dans les lieux de recueillement. Certains officient comme maitres de cérémonie.
« Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les opérateurs funéraires ne font pas que s’occuper des morts. Ils offrent
également un soutien concret et moral aux familles – un élément central dans le travail de deuil. » rappelle Valérie
Touchard. « Chaque famille est un cas particulier, pour laquelle l’un de nos 5 conseillers funéraires adoptent un
comportement adapté afin de pouvoir comprendre quel est le besoin de chaque famille pour accomplir leur deuil. » souligne
Valérie Touchard. Et les composantes les plus difficiles de leur travail ne sont pas celles liées à la préparation du corps, à
l’enterrement ou la crémation. « On s’habitue très vite à toucher et manipuler les cadavres. Ce à quoi on ne s’habitue
jamais, c’est la confrontation avec la douleur. Cela ne cesse d’être éprouvant. » souligne cette chef d’entreprise qui a
démarré son activité il y a 35 ans avec son mari Éric Touchard sur Ballon.

Une entreprise familiale de père en fils
Création de notre société en 1986 « J’avais 18 ans et mon mari 23 ans : marbrier funéraire, pompes funèbres et fleuriste sur
Ballon ». C’est un métier de père en fils et la famille de mon mari étaient installés à Savigné-l’Évêque. Tout fonctionnait
bien, à tel point que nous avons ouvert une deuxième agence en 1992 à Sainte-Jamme-sur-Sarthe. Puis en 1995, mon beau
père est décédé et nous avons racheté l’entreprise de Savigné. En parallèle, nous avons commencé à aller plus loin dans le
service aux familles : on a commencé à construire notre première chambre funéraire. C’est un lieu de repos et de
recueillement pour les proches. Puis une quatrième agence à Marolles-les-Braults en 2000. Notre clientèle s’était
développée jusqu’au Mans, et nous avons donc décidé d’acheter la maison Lalos Meurlet (marbrier funéraire) située ici au
cimetière de l’ouest du Mans. Enfin nous avons ouvert notre sixième agence d’Arnage en 2010, afin de couvrir le grand
bassin Manceau. Nous avons dû passer les entreprises familiales en SARL, par activité : marbrerie, pompes funèbres et
fleuristerie. Aujourd’hui nous avons beaucoup développé la marbrerie funéraire, au travers d’un grand hall d’exposition de
1000 m2 en Zone Nord situé rue Thomas Edison et ouvert au grand public. Notre fils Julien nous a rejoint il y a 13 ans.
L’important est de pouvoir assurer un service de qualité aux familles.

Un secteur où les acteurs indépendants se fédèrent contre les donneurs d’ordre du tertiaire
On dénombre près de 550.000 décès en France par an. Mais, en 2023, le nombre passera à plus de 700.000, avec la
disparition d’une partie de la génération baby-boom, née entre la fin de la Deuxième Guerre mondiale et 1974.
La généralisation des assurances obsèques, inclus dans les contrats d’assurance, poussent les familles à contracter avec les
acteurs proposés par les banques et assurances. Le monde de la finance s’est invité dans le funéraire, organise les convois
funéraires. Ils choisissent les entreprises avec un risque de monopole, d’obsèques stéréotypés et d’un manque de proximité
et d’attention accordée aux défunts. C’est pourquoi Valérie Touchard fédère les entreprises indépendantes au travers d’un
GIE de 420 agences adhérentes en France : le GOFI (Groupement des Opérateurs Funéraires Indépendants) dont Valérie
Touchard en est la présidente. Dans ce cadre une loi est passée en France qui garantit la liberté aux familles de choisir son
entreprise de pompes funèbres. Le but du GOFI est de mailler le territoire d’opérateurs funéraires indépendants afin
valoriser les entreprises familiales fidèles à leurs valeurs : proximité, écoute, indépendance. Un site web national ouvre le
1 er septembre www.sofy.fr : une plateforme de services proposés aux familles par les opérateurs indépendants français.

Encadré

167 000 crémations par an en France. Autrement dit, pour 32% des décès, c’est l’incinération qui est choisie plutôt que
l’inhumation (Source Planetoscope). De fortes disparités entre Paris (41%) et le limousin (13%). Source www.Afif.asso.fr
Selon une étude de la Fondation Pompes Funèbres Générales, datée de 2018, 52 % souhaitent une cérémonie laïque ou
aucune cérémonie. https://www.bva-group.com/wp-content/uploads/2018/10/BVA-OGF-BABEL-Rapport-31.10.18-1.pdf